Home > Culture étoffe « Léviathan » d’Anish Kapoor au Grand Palais : une oeuvre gonflée ! 12 000 m² de toile technique au service de l’art… 30 ans après sa première exposition à Paris, Anish Kapoor revient enfin dans la capitale et nous livre son extraordinaire Léviathan, une œuvre qui remplit de ses formes gonflées la Nef du Grand Palais. Décrite par l’auteur comme « un seul objet, une seule forme, une seule couleur », elle a été conçue et développée pour le cycle Monumenta, un rendez-vous attendu qui invite chaque année un nouvel artiste à venir s’exprimer. Né en 1954 à Bombay et vivant à Londres depuis le début des années 70, Anish Kapoor est considéré comme l’un des plus grands sculpteurs actuels. Son travail a bousculé les règles établies de la sculpture, en jouant avec les formes, les perceptions, et les tailles. Tout à sa volonté de manier les paradoxes, il nous immerge ici au cœur de son immense monstre des mers, à la fois espace fermé et ouvert, vide et plein, proche et loin. Il bouleverse une fois encore l’espace en créant une sensation d’immensité là où murs et toits viennent pourtant clore les lieux. Car au fil de la journée et de la lumière, la sculpture s’anime et dévoile ses mystères. Si sa couleur rouge veut nous emmener dans des ténèbres sombres, aussi bien physiquement que psychologiquement, c’est la toile monochrome, principal matériau de l’œuvre, qui change toute notre perception en fonction de l’éclairage extérieur. Tandis que le soleil la rend translucide et nous dévoile alors les armatures du Grand Palais, nous rappelant à la réalité – une réalité remplie de 72 000 m³ d’air – , un ciel nuageux nous engloutit dans la pénombre de cette immensité opaque, donnant l’impression d’un volume sans limite ni barrière, « cet intérieur plus grand qu’un extérieur ». Si l’œuvre nous fascine de l’intérieur, elle nous ébahit aussi de l’extérieur. Car lorsque l’on s’extrait du Leviathan, les dimensions incroyables de ce volume vide saisissent; la structure, toute en sphères et formes arrondies, atteint presque le dôme de la Nef, qui culmine pourtant à 45m. La réussite de cet oeuvre est dûe en grande partie à la technologie de pointe du matériau utilisé, le textile Précontraint® Ferrari. Inventé par Serge Ferrari, cette matière textile a permis la concrétisation de l’incroyable projet de Kapoor. Par sa couleur tout d’abord, le rouge; d’un pourpre sombre à l’extérieur et d’un vif flamboyant à l’intérieur, il accroît le sentiment d’immensité et d’immersion. Un rouge comme Kapoor le voulait, et que les équipes de Ferrari ont dû recréer avec des pigments organiques, à partir des pigments pour gouache de l’artiste, incompatibles avec le PVC. Comme le confie Pascal Martor, ingénieur en colorimétrie chez Serge Ferrari, il fallait « aboutir au meilleur compromis entre respect de la couleur initiale et translucidité souhaitée [..] sans que les propriétés techniques de la membrane textile n’en soient modifiées ». La technologie Précontraint® , unique au monde, garantit au tissu une résistante et une stabilité dimensionnelle hors du commun qui permet de respecter parfaitement la géométrie complexe de ces 12 000 m² de toile. En effet, grâce à un embuvage très faible, le textile ne subit aucune déformation lors de sa mise en tension, et son armature en fils polyester lui garantit une haute ténacité. Hormis la haute technologie du textile, la confection de l’œuvre devait elle aussi être irréprochable. La découpe des 4 pièces de toile qui constituent la structure s’est faite au millimètre près, le moindre écart entrainant une déformation de l’oeuvre. Un travail de longue haleine ! Ces pièces ont ensuite été soudées les uns aux autres grâce à une machine haute fréquence. Enfin, c’est la société allemande Hightex GmbH qui prend le relais pour une semaine d’installation dont 2 jours de gonflage à l’air pulsé. La maison Ferrari a donc su convaincre Anish Kapoor par son savoir-faire et un travail d’orfèvre. Clin d’œil amusant, elle a aussi su séduire les organisateurs de l’évènement. Ainsi, c’est elle qui a confectionné, sur sa qualité Expolit 456 (toile pour l’affichage évènementiel), l’affiche de l’exposition. L’union du groupe Ferrari et d’Anish Kapoor nous permet aujourd’hui de nous émerveiller, de vivre une expérience qui pousse à la réflexion, et de nous perdre à loisir dans le monstre d’immensité qu’est le Leviathan. Ainsi, cette oeuvre exposée pour quelques jours encore atteint parfaitement le but que lui donnait son créateur : « Parvenir par des moyens strictement physiques à proposer une expérience émotionnelle et philosophique inédite ». A voir à la Nef du Grand Palais, jusqu’au 23 juin 2011. Merci aux tissus techniques Ferrari pour leurs visuels et informations. Les photos sont signées Didier Plowy et Laetitia Benat. Tous droits réservés Monumenta 2011, ministère de la Culture et de la Communication. Philippe Facebook Linkedin Instagram Pinterest Related Posts Culture étoffe Du tricot dans les rues, ou le street art selon Magda Sayeg Culture étoffe Exposition : Costumer le pouvoir Non classifié(e) Maurizio Galante, l’architecte de la mode Culture étoffe Les soundsuits de Nick Cave, entre mode et sculpture textile Culture étoffe Anne Kyyrö Quinn, une artiste au service des belles matières Culture étoffe Suzusan : notre coup de coeur Maison & Objet 2014 2 Responses Comments 2 Pingbacks 0 Merci pour votre passage et votre message. Il est en effet toujours intéressant de voir le regard des autres sur une même oeuvre, sachant qu’en ce cas précis, Léviathan d’A.Kappoor est une oeuvre qui se démultiplie à l’infini. J’ai davantage rendu de l’émotionnel que de la technique dans mo texte. Il est vrai que la prouesse technique est indéniable. bien à vous Bozorgmehr Cool! That’s a clever way of loikong at it! Laisser un commentaireVotre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *Commentaire * Nom * E-mail * Site web Post commentΔ Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées. Prev Post Expo : à découvrir dès maintenant ! Next Post Du tricot dans les rues, ou le street art selon Magda Sayeg
Merci pour votre passage et votre message. Il est en effet toujours intéressant de voir le regard des autres sur une même oeuvre, sachant qu’en ce cas précis, Léviathan d’A.Kappoor est une oeuvre qui se démultiplie à l’infini. J’ai davantage rendu de l’émotionnel que de la technique dans mo texte. Il est vrai que la prouesse technique est indéniable. bien à vous Bozorgmehr