L’histoire du Caoutchouc

UNE FAMILLE DOTEE D’UNE SOUPLESSE LEGENDAIRE : LES ELASTOMERES

Puisque le mois d’Août est généralement celui des vacances, je vous propose de vous « détendre » en lisant ce post consacré à une substance douée d’une élasticité naturelle, « complément vestimentaire » devenu indispensable pour le quotidien des humains du XXIe siècle. “Les principaux élastomères sont le caoutchouc naturel, le polybutadiène, les polyuréthannes, les silicones, les copolymèrestyrènes. » Grand Larousse en 5 volumes)

UN INVENTAIRE A LA PREVERT 

Les  applications  des élastomères sont plus importantes qu’on ne l’imagine : la tétine des enfants, le canard jaune qui a sa place dans toutes les bonnes salles de bain, les semelles en crêpe des chaussures, les  bottes en caoutchouc, les pneus Michelin pour les plus chauvins ou Dunlop et Goodyear pour les autres, les  gants en caoutchouc ou en latex que nous avons été obligés de porter lors de la première vague du coronavirus, les imperméables vraiment imper, les bonnets de bain et les chewing-gum ! Peut être connaissez-vous cette marque de gomme à mâcher Chiclet et peut être ne connaissez-vous pas l’origine de ce mot, curiosité n’est pas un vilain défaut : déjà les Mayas utilisaient le chiclé, sève du sapotillier, dotée d’une aptitude au masticage étonnante. Ce fut la substance de base du chewing-gum. A la fin du XIXe siècle, un mélange de gomme, de sirop de maïs et de sucre était commercialisé au Mexique : le Yucatan gum. Puis, vinrent les whriglet, stimorol et autres freedent. 

AVEC TOUS MES REGRETS

J’ai remarqué, à mon grand regret, que les produits n’ont plus aujourd’hui la reconnaissance des mots, c’est pourquoi le terme élastomère englobe tous les caoutchoucs, produits naturels obtenus à partir du latex secrété par certains arbres comme l’hévea brasiliensis, (le mot heve donné par les indiens Omaguas d’Equateur, donna l’actuel dénomination botanique) ou synthétiques issu de la pétrochimie ayant une extensibilité similaire au caoutchouc originel. 

DEUX ETYMOLOGIES POUR CLARIFIER LES CHOSES

Elastomère du grec élastos= ductible, mallléable et de mère qui donne meros = partie. Cette formation se retrouve dans polymère= plusieurs parties, monomère = une seule partie ou dans élastomère = partie étirable. 

Latex, du latin liqueur ou liquide, emprunté au grec « reste de vin ». L’hévéa brasiliensis 

du bassin amazonien, de l’Asie du Sud Est et de l’Afrique du Sud, est la principale plante fournissant cette matière, le latex est sa sève. 

DANS LA FAMILLE DES ELASTOMERES JE DEMANDE LE CAOUTCHOUC

Le caoutchouc naturel est une substance élastique extraite du suc laiteux blanc d’un grand nombre de plantes des régions chaudes, mais seul l’hévéa brasiliensis produit du latex en quantité suffisante pour être exploitable industriellement.

A L’ORIGINE : UNE LARME

Le mot caoutchouc de l’indien coa = bois et ochu = larme. C’est l’impression donnée par le latex qui coule sur l’écorce de l’arbre après l’incision du tronc. Ainsi est né « l’arbre pleureur », l’hévea de la forêt amazonienne.

UNE IMPLANTATION INCONTROLEE MAIS REUSSIE

Bien que son origine soit le nord de l’Amérique du sud, la production amazonienne de latex s’avéra rapidement insuffisante et des hévéas brasiliensis furent introduits sur d’autres continents avec succès, permettant de satisfaire la demande internationale.

Il semblerait que, dans les années 1920, des britanniques aient eu l’idée de planter des graines d’hévéas en Asie, mais dans la plus pure illégalité. Les arbres proliférèrent, faisant concurrence au latex brésilien plus cher.

Il y a quelques années, j’ai eu la chance de visiter une plantation d’hévéa en Inde du sud entre Madras et Cochin. Je n’ai pas su résister à en savoir un peu plus sur l’art et la manière de récolter ce liquide. J’ai saisie d’emblée la similitude entre les techniques de récupération de la sève de l’hévéa et celle de l’érable canadien.   

Le latex se récolte par de légère saignées sur l’écorce périphérique de l’arbre. La sève blanchâtre coule dans de petits réceptacles fixés sur les troncs, par les « saigneurs ». Le liquide durcit au contact de l’air et la récolte se fait au bout de quatre ou cinq jours. Chaque année, on change de coté et ce pendant dix ans. Après quoi, l’arbre a droit à un repos bien mérité. Mais ce n’est pas encore la retraite, le travail reprend, l’hévea étant productif une trentaine d’années. La moyenne annuelle de production est d’environ 16 l.

Cette vieille machine, fort bien entretenue, permet d’obtenir des plaques de caoutchouc. Sous cette forme, le caoutchouc est plus facile à transporter, à entreposer et à utiliser.

Les plaques de caoutchouc sèchent à l’ombre des grands arbres

De l’hévéa au caoutchouc naturel

LE CAOUTCHOUC : L’OR BLANC DE MANAUS

Au Brésil, une ville entière vécut et s’enrichit à la fin du XIXe siècle grâce à l’exploitation du caoutchouc. Originaire de la forêt amazonienne, Manaus et sa région était la seule et unique source d’approvisionnement pour le monde entier et la voie fluviale, le seul moyen possible pour transporter le latex jusqu’au port de Belem situé à l’embouchure de l’Amazone une ouverture sur l’océan Atlantique, les pays européens et l’Amérique du nord. 

UN CHEMIN SEME D’EMBUCHES

Je sais que mon imagination n’a d’égal que ma passion pour les matières textiles, mais je ne peux m’empêcher de revoir les images du film de Werner Herzog : Fitcarraldo qui retrace, un brin romancé, l’aventure de Carlos Termin Fitzcarraldo Lopez à qui l’on doit la création d’un itinéraire insensé entre forêt tropicale et fleuve gigantesque, facilitant le transport et la commercialisation du latex. Aujourd’hui, la trans-amazonienne facilite les échanges au grand dam des écologistes qui assistent, impuissants, à la déforestation de cette étendue de verdure, poumon de notre planète.

L’opéra mythique de Manaus

De nos jours, les matières synthétiques ont remplacé le produit naturel et, si la ville n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut, elle demeure un lieu étrange, un peu décalé dans le paysage. 

UN OPERA HAUT EN COULEURS 

Un bijou couleur goyave au milieu d’un océan de vert. 

Les fantômes de cet opéra sont nombreux, tout autant que les célébrités venues y chanter ou jouer. Les légendes persistent comme la venue de Sarah bernardt ou l’inauguration du bâtiment en 1896 sous les auspices du grand Enrico Caruso.  

C’est avec émerveillement que l’on quitte la chaleur moite, pour ne pas dire torride, de la ville pour pénétrer dans cet édifice presqu’au «milieu de la jungle ». Tapis rouge, fauteuils en velours rouge venu de France, escalier en marbre de carrare, lustres de Murano, tuiles d’Alsace pour la toiture et, pour ne rien gâcher, une acoustique fabuleuse. 

SOUS LES PAVES : LE SILENCE

Un petit plus peut être pour les curieux de curiosité : la cour d’honneur était pavée de blocs de caoutchouc mélangés à du sable afin d’étouffer le bruit des sabots des chevaux qui tiraient les calèches.

UNE HISTOIRE PLEINE DE “REBONDISSEMENTS“

1492, Christophe Colomb fut l’un des premiers européens à découvrir cette étonnante substance en arrivant à Haïtia. Il remarqua l’objet en forme de boulet qui avait l’étonnante capacité de  rebondir, utilisée par les autochtones. Nouveauté pour l’équipage, mais longue tradition pour les indigènes qui, depuis longtemps, avaient trouvé des utilisations fort judicieuses à cette matière blanchâtre qui coulait des arbres : en trempant les pieds dans un bain de sève ils se fabriquaient de bottes. Cortez, à son tour, fut tout aussi intrigué par les rebonds des balles fabriquées avec la sève du catilloa eslatica, utilisées par les Aztèques.  Légende ou réalité, il se raconte que les espagnols utilisèrent cette matière magique pour imperméabiliser les vêtements et les chaussures des soldats venus conquérir ces territoires avec des tenues peu appropriées au climat local.

UN TEMPS DE REFLEXION

Cette découverte resta à l’état de curiosité, le trésor était ailleurs. C’est à La Condamine que l’on doit l’exploitation du caoutchouc à grande échelle. Un bien pour l’humanité, mais peut être pas autant pour les autochtones qui ne devinrent pas patrons mais employés. Ce sont les industriels des pays voisins, Chili, Pérou, Bolivie et certains européens qui prirent en main la destinée de l’exploitation des plantations amazoniennes. Appelés serginguerios par les portugais, le latex ayant servi à fabriquer les premières seringues. Aujourd’hui encore, c’est le mot seringa désigne le caoutchouc en portugais.

FORMATIONS ET DEFORMATIONS

Quoi qu’il en soit, il fallut attendre 1736 pour que l’explorateur et encyclopédiste venu pour mesurer le méridien au niveau de l’équateur s’intéressa scientifiquement à cette étonnante matière aux fonctionnalités hors normes et à la polyvalence de ses usages.   

LA VULCANISATION

1823 c’est l’année où, à Glasgow, un chimiste écossais, Charles Macintosh, dépose un brevet pour un manteau résistant à la pluie. Sa formule ? Dissoudre du caoutchouc dans du naphte bouillant, un solvant dérivé du pétrole. La dissolution obtenue permettait d’enduire le support textile en général une solide cotonnade afin de l’imperméabiliser. Il fut précurseur dans le domaine du vêtement dit fonctionnel. 1924, les premiers imperméables mackintosh en toile caoutchoutées sont mis en vente mais leur inconfort est leur marque de fabrique : le caoutchouc à une furieuse tendance à fondre si la température ambiante s’élève un peu trop, il dégage une odeur nauséabonde, sa  rigidité  et son poids sont des freins incontournables à son développement.

UN SAUVETAGE A L’AMIABLE

En 1843, à Manchester, Thomas Hancock dépose le brevet de la vulcanisation améliorée à base de kérosène et d’essence de térébenthine qui « gomme » tous ces points négatifs. 

Malgré quelques inconvénients majeurs pour ses débuts, ce processus de fabrication ouvrit la voie pour de nouvelles applications. Les deux inventeurs décidèrent de travailler ensemble ce qui aboutira à la fusion des deux entreprises .

UN BREVET PEUT EN CACHER UN AUTRE 

 En Novembre1843, Hancock dépose un nouveau brevet de vulcanisation du caoutchouc à base de fleur de souffre puis, en Janvier 1844, l’américain Charles Goodyear dépose, à son tour, un brevet similaire, mais il ne tirera aucun bénéfice de cette invention puisqu’il fut devancé d’une courte tête (8 semaines) par Handcock. Mais ce qui compte pour le consommateur c’est le résultat. Le caoutchouc conserve ainsi son élasticité et sa souplesse au-dessous de 10° et au-dessus de 35°. Un caoutchouc vulcanisé  doit pouvoir s’étirer jusqu’à 7 fois sa longueur initiale avant de se rompre et ne doit, en principe, pas durcir au froid ni se ramollir à la chaleur (pneus, vêtements caoutchoutés, chaussures de pluie…).

LA FAMILLE DES ELASTOMERES S’AGRANDIT AVEC l’ARRIVEE DES NOUVELLES GENERATIONS  

Le caoutchouc de synthèse résulte du procédé de polymérisation. Le premier Latex synthétique commercialisé fut développé en 1931 par la compagnie Du Pont de Nemours. L’histoire débute avec le chloroprène, un dérivé chloré du butadiène dont la polymérisation donne un caoutchouc synthétique : le néoprène.  

ET REVOILA LE LATEX NOUVELLE MOUTURE

Le Latex utilisé par l’industrie textile est issu de la molécule d’uréthane (polyuréthane) mise au point par le chimiste O. Bayer. A partir de ce produit, en 1959, Dupont de Nemours commercialise une fibre élastomère nommée spandex. L’allongement d’un élastomère de 10 fois sa longueur initiale est rapide sous l’effet d’une traction et son retour à la longueur initiale est tout aussi rapide. 

DECRYPTER LES ETIQUETTES

Le spandex peut subir un allongement de 5 fois sa longueur initiale sans se rompre. Toutefois, si sa présence accroit le confort d’un vêtement, il n’est présent qu’en toute petite quantité (5 à 10%) dans les articles en mailles ou en tissu : le spandex forme l’âme, ou noyau du fil, qui est ensuite gainée d’une autre fibre naturelle ou chimique. La formule est quasiment identique pour les articles étiquetés Lycra®, ils ne contiennent qu’un petit pourcentage de cette fibre extensible. 

IL Y A CAOUTCHOUC ET CAOUTCHOUC  

En ce qui concerne les sous vêtements ou les articles de sport, le pourcentage d’élasthanne est de peu d’importance, l’essentiel étant la recherche du confort pour l’utilisateur ; par contre, pour les pneus de nos véhicules, c’est une autre paire de manches. Le caoutchouc de synthèse est moins résistant à l’usure que le caoutchouc naturel. Il suffit de comparer la composition des pneus d’avions et ceux des voitures particulières. Pour les premiers, 5% de caoutchouc naturel contre 100% pour les seconds. Seul le caoutchouc naturel peut résister aux pressions, aux chocs et aux écarts de températures. Le produit naturel possède des atouts que les produits synthétiques ne peuvent atteindre. Alors à quand des pneus en caoutchouc naturel pour des voitures à hydrogène ? 

UNE POUR TOUS, TOUS POUR UN LYCRA® SPANDEX ELASTANNE 

Trois noms, trois mots et pourtant un seul produit pour cette fibre synthétique sans laquelle nos maillots de bains, nos collants, nos chaussettes, nos sous vêtements ne seraient pas aussi « gainants ». Tout part de l’élasthanne, mot formé par une contraction d’élastique et de polyuréthanne : une fibre extensible dérivée du pétrole. Ce terme est plus généralement employé par les fabricants européens alors que spandex (formé avec les lettres de expand : étirer en anglais) se trouve plus fréquemment sur les étiquettes des articles fabriqués et vendus outre Atlantique. Seul des trois, le Lycra® est une marque commerciale déposée par l’incontournable Dupont de Nemours mais, depuis sa création, cette fibre est passée de mains en mains pour aujourd’hui tomber dans l’escarcelle chinoise.

ATTENTION ALLERGIE

Il est vrai que le latex peut provoquer chez les personnes ayant un terrain allergique des complications. Ce sont des protéines contenues dans la seve de l’hévea brasiliensis qui sont toujours présentes dans le produit fini. Les gants sont, le plus souvent, incriminés, surtout chez les personnels soignants. La sève du guayule ne contient pas ces protéines allergisantes : c’est une piste très sérieuse envisagée pour la production d’un latex hypoallergéique. « Tu te rappelles le type qui voulait qu’on plante cette espèce de caoutchouc qu’on appelle guayule ? » Steinbeck dans Les raisins de la colère.

DE LA TERRE À LA LUNE

Juin 1969, l’aventure lunaire de l’homme débute, Armstrong foule le sol de la lune. Un grand pas pour l’humanité un petit pas pour le caoutchouc, car c’est chaussé de bottes en caoutchouc, amélioré certes mais tout de même, que les pieds de l’astronaute se posèrent, laissant à jamais son empreinte.

CAOUTCHOUC UN JOUR, CAOUTCHOUC TOUJOURS, ENFIN LONGTEMPS

Sachant qu’il faut cinq ans à une simple gomme à mâcher pour se dégrader, à Singapour (Asie), on ne rigole pas avec les chewing-gum, interdits à la vente depuis 28 ans. Jugé « nuisance non dégradable » à la suite d’un incident somme toute extraordinaire : en1992, le métro n’a pas pu ouvrir ses portes à cause d’un chewing-gum qui bloquait le mécanisme. J’ai pu constater de visu que ni chewing-gum ni aucun détritus ne dégradaient les trottoirs de cette métropole ; je vous laisse imaginer le problème avec les pneus usagers et autres produits en élastomère. Le point positif est que, comme la gomme qui efface les erreurs, le caoutchouc finit par s’auto-user comme le prouvent les semelles de nos chaussures ou la profondeur des stries des pneus de nos voitures. Pour autant, il se fabrique plus d’articles qu’il n’en disparaît et, pour cette matière, une seconde vie est possible lorsque l’usure n’a pas suffi à tout gommer. Une chance pour l’environnement, devenu un moyen de subsistance pour certains.

LE SURCYCLAGE DU CAOUTCHOUC

Aux Philippines, les tongs hors d’usage sont découpées en lanières multicolores qui, tissées, deviennent des paillassons à la manière des traditionnelles lirettes. En Bolivie, ce sont les vieux pneus qui sont transformés en objets chaussants, pour ne pas dire chaussures, entre tongs et sandales, peu confortables j’en conviens, puisque j’ai cédé à la tentation, mais fort appréciables sur les terrains caillouteux et poussiéreux. En Europe, lorsque les mots surcyclage ou upcycling n’étaient pas nés, les chambres à air des pneus usagés devenaient des bouées, mais aujourd’hui que ces mots existent, les chambres à air, elles, ont disparu.  En revanche, les chambres à air des biclyclettes sont de plus en plus nombreuses alors, qui leur trouvera un usage subsidiaire ? A vous de jouer !

Tapis Bicicleta – Nanimarquina

QUE SERAIT NOTRE VESTIAIRE SANS LES ELASTOMERES

Si l’on devait retirer tous les articles qui contiennent, peu ou prou, des fibres extensibles, nos armoires seraient bien vides. « Pour entretenir un vêtement en caoutchouc, bien que cela soit de plus en plus rare, il est recommandé par le dictionnaire illustré de la vie domestique 1926 de chez Larousse, de les plonger une à deux fois l’an dans de l’eau contenant un peu d’ammoniaque ».

Alors, profitez des avantages offerts par les héritiers de la sève de l’hévea brasiliensis et nagez en toute liberté dans vos maillots de bains, faites votre jogging vêtu de leggins confortables, n’oubliez pas, s’il pleut chez vous comme chez moi en Normandie au moment où j’écris ce texte, votre imperméable et vos bottes en caoutchouc et bonnes vacances. On se retrouve en septembre.

Ecrire, c’est un peu tisser : les lettres, en un certain ordre assemblées, forment des mots qui mis bout à bout, deviennent des textes. Les brins de fibres textiles maintenus ensemble par torsion forment des fils qui, en un certain ordre entrelacés, deviennent des tissus…Textile et texte, un tête à tête où toute ressemblance n’est pas fortuite. Il est des civilisations qui transmettent leur culture par l’écriture, d’autres par la parole, d’autres encore, par la parole écrite avec un fil. Entre le tissu et moi, c’est une histoire de famille. Quatre générations et quatre manières différentes de tisser des liens intergénérationnels entre les étoffes et les « textilophiles ». Après ma formation à l’Ecole du Louvre et un passage dans les musées nationaux, j’ai découvert les coulisses des étoffes. Avec délice, je me suis glissée dans des flots de taffetas, avec patience j’ai gravi des montagnes de mousseline, avec curiosité j’ai enjambé des rivières de tweed, pendant plus de 35 ans, au sein de la société De gilles Tissus et toujours avec la même émotion. J’eus l’occasion d’admirer le savoir-faire des costumiers qui habillent, déguisent, costument, travestissent les comédiens, acteurs, danseurs, clowns, chanteurs, pour le plus grand plaisir des spectateurs. J’ai aimé travailler avec les décorateurs d’intérieurs toujours à la recherche du Graal pour leurs clients. Du lange au linceul, le tissu nous accompagne, il partage nos jours et nos nuits. Et pourtant, il reste un inconnu ! Parler chiffon peut parfois sembler futile, mais au-delà des mots, tissu, textile, étoffe, dentelle, feutre, tapisserie ou encore broderie, il est un univers qui gagne à être connu. Ainsi, au fil des ans les étoffes sont devenues des amies que j’ai plaisir à vous présenter chaque mois sur ce blog de manière pédagogique et ludique. Je vous souhaite une belle lecture.

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