Home > Non classifié(e) UN TISSU LACUSTRE LE LOTUS SILK FABRIC Il existe aux «quatre coins» de notre planète d’insolites ressources naturelles, qui deviennent des fils puis se transforment en tissus grâce à l’ingéniosité humaine. C’est le cas d’un lotus sauvage, une plante aquatique qui s’est développée dans les eaux boueuses du lac Inlé en Birmanie. Le saviez vous? Ce lotus sauvage possède deux terminologies différentes. Pour les scientifiques il est le pandonma kyar et dans un contexte culturel il devient le nelumbo nucifera. Tissu pure lotus IMPROBABLE ETOFFE Amateurs de textiles rares, éthiques, ethniques, ce post vous conte l’histoire d’un tissu emprunt de mysticisme qui a su allier judicieusement la fonction et l’esthétique avec un soupçon de luxe qui le caractérise depuis sa création. AU FIL DE L’EAU Les Intha, ethnie minoritaire bouddhiste établie dans les villages lacustres autour du lac Inlé depuis le XII e siècle, ont adapté leur mode de vie à leur environnement en devenant, pêcheurs, jardiniers et tisserands. En suivant des méthodes empiriques héritées de leurs ancêtres les artisans filent, tissent et teignent les fibres de lotus aux qualités exceptionnelles qui sont transmises au tissu. Le saviez vous? Cette fibre est parfois baptisée à tort soie végétale, sans doute davantage pour la similitude de leur origine mystérieuse et leur grande valeur commerciale que pour la similitude de leur physique le tissu en fibres de lotus ne possédant pas le lustre de la soie. DES SYMBOLES A CONSOMMER EN PLEINE CONSCIENCE Cette étoffe est naturellement apte à palier les aléas climatiques de la région du lac Inlé en plus d’être indéfectiblement liée à l’identité culturelle et cultuelle des autochtones. Cependant, il en est du lotus silk fabric comme de bien d’autres étoffes artisanales qui, sortis de leur terroir d’origine, perdent leurs valeurs intrinsèques et leurs repères pour n’être plus qu’une marchandise exotique aussi belle et rare soit-elle. Entrer dans les coulisses d’une étoffe, c’est pouvoir savourer ses atouts. LE LAC INLÉ, UN JARDIN FLEURI Imaginez-vous une vaste étendue d’eau, d’où sortent par milliers des tiges portant des fleurs plus belles les unes que les autres. Ces boutons blancs, roses et rouges vont éclore entre les mois de juin et septembre. Un spectacle unique s’offre alors au regard des curieux : le lac devient un jardin fleuri. Les corolles délicates se détachent sur les larges feuilles vertes. C’est simplement éblouissant. FIBRES SAUVAGES OU CULTIVEES ? L’engouement des clients pour des fibres textiles plus vertueuses a incité nombre d’industriels à développer des fermes de lotus, créant un environnement artificiel sur mesure, pour la culture intensive du nelumbo lutéa ou lotus jaune. Cette variété de lotus est courante et sa culture est présente dans différentes régions du monde. Les deux variétés diffèrent par leurs caractéristiques florales, la forme de leurs feuilles et leurs préférences climatiques. La Thaïllande et le Camboddge se sont lancés dans l’aventure des fermes de lotus, avec des résultats satisfaisants. La qualité des fibres de lotus cultivés dépend de l’expertise des agriculteurs et des techniques de culture comme l’apport en nutriments ou le contrôle de la qualité de l’eau. A l’inverse, la qualité des fibres textiles du nélumbo nucifera ne dépend pas de l’homme mais exclusivement de la nature. La plante a trouvé dans les eaux troubles du lac Inlé un environnement naturel propice à son développement (la composition du sol, la qualité de l’eau ou l’ exposition au soleil). Nelumbo lutéa – Lotus jaune CARPE DIEM La comparaison est difficile à établir dans la mesure où je n’ai eu entre les mains que des produits fabriqués avec des fils de lotus sauvages. Il se peut que des différences subtiles existent entre les deux matière textiles au niveau de la texture, de la résistance ou de la solidité des teintures, mais il faudrait être experte pour les déceler. Alors, heureux possesseurs, usez et abusez sans arrière pensée de ce trésor quelle que soit son origine LE FILON EST CACHE DANS LES TIGES Bien protégées au cœur de la tige du pandonma kyar, les fibres translucides dont le diamètre varie entre 3 et 5 microns donc extrêmement fines, attendent patiemment le temps de la récolte. Elles seront alors extraites, filées et tissées par les mains expertes des artisans Intha ; c’est la magie qui opère : une compétence précieuse qui allie créativité, compétence technique et résolution de problèmes pour créer des produits artisanaux exceptionnels. LE TEMPS DE LA RECOLTE Chaque matin, les fleurs ouvrent leur corolle et au coucher du soleil, elles se fanent, pour mieux renaître le lendemain. La pleine saison pour la récolte se situe pendant la mousson. Ensuite, les fleurs sont moins abondantes et la qualité des fibres est de moins bonne qualité. LE RESPECT DE LA TRADITION BOUDDHISTE Cet artisanat est emprunt d’une signification culturelle et spirituelle millénaire. pour les communautés établies autour du lac Inlé La plante est respectée, jusque dans la manière de la cueillir. Les tiges ne sont jamais coupées avant la pleine floraison pour obtenir la meilleure qualité de fibre. C’est une des raisons qui expliquent la faible production de cette fibre. Une semaine avant la récolte des tiges, les paysans vont faire des offrandes au lac qui donne la boue et l’eau nécessaire à l’épanouissement de la plante, puis ils feront la même offrande au gardien spirituel de l’atelier où sera tissée la robe du bonze. Une statue de bouddha est présente dans chaque habitation, dans chaque temple et dans tous les monastères avec des proportions et des matériaux différents à l’évidence. Des offrandes sont présentées devant les statues composées de 9 plats de nourritures terrestres déposés sur l’eau et devant la statue. Tout indique que le futur tissu sera aussi respectueux des traditions que de l’environnement. TOUT EST BON, IL N ‘Y A RIEN A JETER Dans le lotus tout est bon : la fleur est belle, elle se vend à l’entrée des temples et sert d’offrande aux fidèles, les graines, les pétales des fleurs se cuisinent, les graines séchées ou fraîches se dégustent comme des friandises, les racines semblables à des tubercules sont utilisées dans la pharmacopée chinoise. L’industrie de la cosmétique occidentale n’est pas en reste, ayant trouvé là un terrain expérimental de choix avec le lotus qui est connu en Asie pour ses propriétés bénéfiques pour la peau puisqu’il contient des composés actifs comme des antioxydants, des acides aminés et autres minéraux qui ont des effets hydratants, apaisants, éclaircissants et anti-âge sur la peau. LA FIBRE Les femmes recueillent les fleurs et les graines, qu’elles vendent près des temples et au marché. Les hommes « cueillent » les tiges de lotus étêtées, dont les fleurs ont déjà été enlevées pour la vente. Les tiges fraîches sont rassemblées et les opérations se succèdent dans l’atelier. C’est à peine 24 heures après la récolte que commence l’extraction des fibres. L’ouvrière fait un tri, sélectionne les tiges souples mais sans molette au risque de se décomposer rapidement en donnant un fil inutilisable. Les tiges, une fois coupées, sèchent rapidement et deviennent cassantes. Il est alors impossible d’obtenir une fibre textile convenable. LE COMPTE EST BON 12000 tiges de lotus et plusieurs mois pour le filage, le tissage et la teinture sont nécessaires pour fabriquer le métrage de tissu nécessaire à une robe de bonze bouddhiste. alors que 6500 suffisent pour un blazer L ‘EXTRACTION C’est un processus laborieux qui nécessite de la part des artisans patience, savoir faire et dextérité. Le traitement demeure manuel car la machine qui pourrait ici remplacer la main humaine n’a pas encore été inventée et le matériel est succinct. Les ouvriers n’ont à leur disposition qu’un petit couteau et parfois une simple lame, une bassine d’eau et une table basse qui sert d’établi. Les tiges sont incisées peu profondément, cassées d’un coup sec et tordues de manière à extraire les filaments, une vingtaine par tiges. C’est avec curiosité que j’ai découvert l’intérieur de la tige. En coupe transversale, on distingue quatre trous qui contiennent des filaments blancs, quasi transparents et humides. On les sort de leur cavité en éloignant les deux parties de la tige sectionnée. Les filaments sont des microfibres naturelles, quasi transparents. Ils sont déposés délicatement sur la planche en bois dont la surface est humidifiée en permanence. D’un mouvement énergique, l’ouvrière assemble plusieurs filaments qu’elle roule sur eux-mêmes de manière à obtenir un fil, encore faible car sans réelle torsion. LE FIL Les sections de filaments sont transformés en fil en les collant bout à bout, de manière à obtenir un fil continu. L’écueil principal à éviter est l’enchevêtrement des filaments. Une fois la transformation achevée, le fil est enroulé sur lui-même afin de former une grosse bobine. Les fibres de lotus sont d’une finesse comprise entre 3 et 5 microns et les fils comportent toujours quelques légères irrégularités ce qui confèrent aux étoffes un aspect brut assez similaire au lin, la souplesse en plus. LE TISSAGE Avant de débuter l’opération, les fils sont enduits d’amidon de riz pour les solidifier. Le tissage est réalisé sur des métiers rudimentaires. La largeur des tissus se limite à 0,90cm. Au début, les fils sont légèrement huilés pour faciliter le passage de la navette et durant l’opération de tissage, ils sont constamment humidifiés. Une fois le tissage terminé, le tissu obtenu est lavé afin d’ôter toute trace d’amidon et d’huile. Le saviez vous ? Le tissage des fibres de lotus est considéré ici comme un art sacré. Les populations établies autour du lac Inlé pensent que le lotus est doté de pouvoirs surnaturels. C’est ainsi que des rites anciens se poursuivent : les ouvrières qui vont travailler les fibres de lotus, doivent être respectueuses des cinq règles qui régissent la vie quotidienne des bouddhistes : ne pas voler, ne pas mentir, ne pas boire d’alcool, ne pas avoir une vie sexuelle dépravée et ne pas tuer. LA TEINTURE Les fils de lotus sont souvent teints avec des colorants naturels à base de plantes et d’écorces. Les artisans utilisent des techniques traditionnelles pour obtenir une infinité de nuances. Le matin, dans le village des teinturiers, les hommes s’activent, préparent les bains de teinture, teignant et essorant les fils ou les tissus puis, dès que le soleil perce, alors tout est étendu sur des tiges de bambou jusqu’au coucher du soleil, et le lendemain tout recommence. LE DON DU KYA-THINGAHN OU ROBE DE MOINE EST UN CEREMONIAL CODIFIE La robe peut être en fibre de lotus ou en coton en fonction de la richesse des donateurs et du rang du récipiendaire. Dans chaque village, il y a un monastère et, dans chaque monastère, il y a des novices, des moines et un Vénérable ou supérieur, tous portant tous les habits monastiques. Parfois, des villageois se cotisent pour offrir à leur vénérable un vêtement en fibre de lotus, mais réunir la somme peut prendre des années., ce qui n’est pas considéré comme un obstacle, l’artisan adapte son rythme de travail au rythme des acomptes Au fil des mois au bruit régulier des cliquetis incessants des métiers à tisser, se façonne centimètre par centimètre, tranquillement, lentement, paisiblement, une étoffe qui deviendra la Robe d’une vie pour un Vénérable. Le saviez vous ? La robe des moines est régie par des règles strictes : elle se compose d’une multitude de morceaux, de longueur, de largeur, de formes différentes, qui sont assemblés par des coutures visibles, entre 50 et 155 éléments à assembler en fonction de l’importance du moine, un véritable puzzle. Plus le nombre de morceaux est important plus le prix de la robe est élevé, plus la personne qui la porte est importante. Pour certains, les morceaux grossièrement assemblés donnent l’impression d’un tissu rapiécé, ce qui symbolise les paysages de rizières avec des parcelles irrégulières séparées les unes des autres par de petites digues. Pour d’autres, ce découpage rappelle que les premiers moines bouddhistes devaient fabriquer eux-mêmes leur vêtement. Ils devaient aller dans les cimetières pour récupérer des morceaux de tissus sur les vêtements des morts. Ainsi, leur robe était constituée de plusieurs tissus de matières et de couleurs diverses. Puis, cette obligation fut remplacée par le don des fidèles : les villageois donnaient des morceaux d’étoffes aux moines afin qu’ils puissent, en les assemblant, fabriquer leur robe. Aujourd’hui, les moines n’ont plus l’obligation de faire eux-mêmes leur vêtement ; ce sont des couturières spécialisées qui les confectionnent. Elles apprécient par dessus tout les commandes les plus complexes. Ce sont toujours les fidèles qui paient la facture avec la collecte des oboles. La robe de moine HIER, ETOFFE DES ROIS ET DES PRINCES AUJOURD’HUI RIEN N’A CHANGE OU PRESQUE Le tissu de lotus fait partie de l’ économie, de la culture, du quotidien des Bouddhistes Intha .C’est grâce à une production confidentielle que cet artisanat a pu sauvegarder son authenticité. Combien de temps encore avant que l’industrie modifie ce rite sacré ? Cette étoffe a toujours été un produit de luxe mais la rareté dans notre monde industrialisé, formaté a un coût, celui du rêve, et le rêve est un luxe. Les anecdotes historiques ne sont pas toujours vérifiables mais elles vont toutes dans le même sens. Autrefois, les artisans du lac Inlé travaillaient uniquement pour honorer les commandes des robes de moines, avant de devenir un instrument de pouvoir convoité par les rois et les princes. Les tissus, outre les robes de certains moines, étaient considérés par les instantes dirigeantes du pays comme des cadeaux précieux distribués aux grands dignitaires ou aux invités de marque, un tel présent était un signe honorifique, une marque de respect. Le saviez vous ? Au XIXe siècle, le Roi Mindon aurait, dit-on, réservé la production de tissu de lotus pour son usage personnel et celui de la famille royale. Le Prince Kanaung encouragea les artisans à poursuivre la fabrication du tissu de lotus considéré comme un symbole de prestige mais toujours réservé à l’usage exclusif de la noblesse et des familles régnantes. Et en 2023 exceptées les robes de quelques hauts dignitaires monastiques, et les écharpes vendues aux touristes, la quasi totalité de la production de tissus en fibres de lotus est réservée à une grande marque italienne de vêtements masculins UN TISSU EMMINEMENT SENSUEL Son toucher est semblable à une soie lavée, sa texture ressemble à une bourrette, sa délicate rondeur tout en souplesse est élégante et, malgré son pédigrée, le lotus silk fabric ne montre aucun signe ostentatoire, il se contente d’être. Les couleurs sont solides. Mon écharpe, après de nombreuses averses normandes et des lavages successifs, a conservé sa teinte d’origine, c’est-à-dire un bordeaux profond et sa forme de jeunesse, peut-être grâce à la présence d’antioxydants. UNE ETOFFE ECO-RESPONSABLE Le lotus silk fabric birman est dotée de plus de superlatifs qu’il n’en faut : il est naturellement résistant et aux uv, capable de réguler la température corporelle. Il est apprécié pour ses propriétés anti-microbiennes et anallergiques. Provenant de sources végétales renouvelables, il est aussi biodégradable et sa fabrication ne nécessite aucun produit chimique toxique. MIXITÉ OBLIGE Afin de limiter le prix de vente de certains articles, les fils de lotus sont parfois, et même souvent, mélangés avec des fils de soie, de coton ou de lin. Voilà ! Je vous ai livré avec passion tous les secrets que j’ai pu glaner ici ou là, mais surtout là, c’est-à-dire autour du lac Inné au Myanmar. En tant que “textile globe trotteuse“, j’ai pu apprécier la manière dont le type de tourisme s’est développé dans ces cités lacustre, restreint mais accepté et même souhaité par les habitants, car il représente pour eux une opportunité économique, et les revenus substantiels retirés de ce commerce équitable permettent de préserver, autant que faire se peut, ce savoir faire traditionnel. C’est une conception du tourisme qui me plait et que j’aimerais voir se développer dans d’autres régions du globe. Catherine GOLDMAN Facebook Linkedin Instagram Pinterest Ecrire, c’est un peu tisser : les lettres, en un certain ordre assemblées, forment des mots qui mis bout à bout, deviennent des textes. Les brins de fibres textiles maintenus ensemble par torsion forment des fils qui, en un certain ordre entrelacés, deviennent des tissus…Textile et texte, un tête à tête où toute ressemblance n’est pas fortuite. Il est des civilisations qui transmettent leur culture par l’écriture, d’autres par la parole, d’autres encore, par la parole écrite avec un fil. Entre le tissu et moi, c’est une histoire de famille. Quatre générations et quatre manières différentes de tisser des liens intergénérationnels entre les étoffes et les « textilophiles ». Après ma formation à l’Ecole du Louvre et un passage dans les musées nationaux, j’ai découvert les coulisses des étoffes. Avec délice, je me suis glissée dans des flots de taffetas, avec patience j’ai gravi des montagnes de mousseline, avec curiosité j’ai enjambé des rivières de tweed, pendant plus de 35 ans, au sein de la société De gilles Tissus et toujours avec la même émotion. J’eus l’occasion d’admirer le savoir-faire des costumiers qui habillent, déguisent, costument, travestissent les comédiens, acteurs, danseurs, clowns, chanteurs, pour le plus grand plaisir des spectateurs. J’ai aimé travailler avec les décorateurs d’intérieurs toujours à la recherche du Graal pour leurs clients. Du lange au linceul, le tissu nous accompagne, il partage nos jours et nos nuits. Et pourtant, il reste un inconnu ! Parler chiffon peut parfois sembler futile, mais au-delà des mots, tissu, textile, étoffe, dentelle, feutre, tapisserie ou encore broderie, il est un univers qui gagne à être connu. Ainsi, au fil des ans les étoffes sont devenues des amies que j’ai plaisir à vous présenter chaque mois sur ce blog de manière pédagogique et ludique. Je vous souhaite une belle lecture. Related Posts Non classifié(e) UN « BREF » PANORAMA DES PANORAMIQUES Non classifié(e) Le camping a changé. Pour toujours Non classifié(e) Tout savoir sur le Madras Non classifié(e) L’histoire du Caoutchouc Non classifié(e) Aqua Gallery, robuste, sensuel et libre. Non classifié(e) IL ETAIT UNE SOIE… LA BOURRETTE OU LA VIE SECRETE D’UNE ETOFFE Laisser un commentaireVotre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *Commentaire * Nom * E-mail * Site web Post commentΔ Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées. Prev Post VIVA MAGENTA PANTONE CODE 18-750 ? Next Post LA PSYCHOLOGIE DU PAPIER PEINT SCANDINAVE