Home > Culture étoffe Le linge de table : l’art de parer une table avec élégance Le plaisir de manger, nous est commun avec les animaux… Le plaisir de la table est particulier à l’espèce humaine.Brillat-Savarin, La Physionomie du goût POURQUOI MAINTENANT Après cette parenthèse de quelques semaines, cet article m’est apparu comme une nécessité. J’ai porté plus d’attention que d’habitude aux objets du quotidien durant ce confinement. Les tâches ménagères qui se bornent à un bis repetita auraient été bien monotones si je n’avais pas eu l’idée de ressortir nappes et serviettes pour les repas de tous ces jours si semblables ! Je me suis rendu compte que la recherche de l’aspect fonctionnel et pratique gommait tout sentiment d’attachement aux objets. Les torchons ne se mélangent plus aux serviettes puisque les uns sont des essuie-tout en rouleaux et les autres des carrés de papier jetables après usage. Quant aux sets de table en simili bois ou en matière plastique, ils ne sont plus que des ersatz de nappes, toujours à portée de main dans un tiroir, facile à nettoyer et n’ont guère plus d’âme que les plats cuisinés que l’on trouve dans les rayons des supermarchés. Utile et non-futile, le linge de table, quel qu’il soit, pourvu qu’il soit, rompt avec le côté vite préparé, vite avalé, vite débarrassé, vite oublié d’un dîner sur le pouce. Dans mon précédent post, je vous ai livré les secrets des étoffes damassées, ce mois-ci, je vous donne l’occasion de mettre en pratique vos connaissances. Nappe Bosphore – Le Jacquard Français DE L’IMPORTANCE DU SENS DES MOTS Dans arts de la table, « arts » souligne le sens esthétique de l’expression. À l’origine art du grec tekhné signifiait métier, valorisant le savoir faire des artisans, hommes de l’art. OBJETS VERSUS ŒUVRE D’ART C’est évidemment la finalité qui fait la différence. L’objet est utile et reproductible, il ne devient une œuvre d’art que s’il est reconnu pour sa beauté, et son unicité. Objets inanimés avez-vous donc une âme qui s’attache à notre âme et la force d’aimer ? A. de Lamartine Vaste sujet ! Objet du latin objectum : qui est jeté devant nos yeux, donc que l’on peut voir, désirer, posséder, utiliser. Un objet n’est pas une chose, c’est un article doté d’une existence matérielle, fabriqué artisanalement ou industriellement dans un but très précis (outil, instrument) et préhensible. Une nappe est un objet. Le terme artefact, bien qu’utilisé par les archéologues, est beaucoup plus concis. Pour répondre à la question de Lamartine, oui, les objets ont quelquefois un charisme indéniable qui fait que l’on s’attache à eux. Une belle nappe, souvent utilisée lors des repas familiaux, se transforme en un relais trans-générationnel. Le « beau linge » n’a pas que la beauté à son actif ; sa force est de conserver une forme olympique année après année, repas après repas, lessive après lessive, génération après génération. Le linge de table de grand-mère réveille les souvenirs, les joies, les disputes, les « choses » de la vie. Oui, définitivement, j’aime cette idée, et si les nappes pouvaient parler, que d’histoires pourraient-elles nous raconter ! Peut-être le peuvent-elles, mais sommes-nous en mesure de les entendre ? Une chose du latin res : qui existe par soi-même. La chose existe sans l’intervention de l’homme ou de la machine, une chose peut avoir ou ne pas avoir d’utilité. Un arbre est une chose. METTRE LES PETITS PLATS DANS LES GRANDS Recevoir ses amis, c’est aussi les accueillir avec élégance, dresser une belle table, mettre les petits plats dans les grands, mais pourquoi faire de ce plaisir une exception ? Un objet utile perçu comme un outil indispensable mérite que l’on s’attarde sur son aspect, ne serait-ce que pour le plaisir des sens. Comment éveiller l’envie d’utiliser un objet a priori aussi insignifiant qu’une serviette de table ? Parfois, un détail suffit : une nuance, une matière, une texture, un imprimé ou une broderie. Nappe Vert Galant – Alexandre Turpault UN BRIN DE FANTAISIE DANS UN UNIVERS FORMATÉ Des designers comme William Morris ou plus près de nous comme Philippe Stark, ont fait évoluer l’esthétique de l’objet/fonction. Faire entrer le beau dans le quotidien de tout un chacun fut l’idée : papier peint, vaisselle, vêtements, meubles, outils. Si au XIXe siècle les innovations prônées par les membres du mouvement « arts and crafts » avaient pour but d’établir un pont entre l’art et le savoir faire des artisans, aujourd’hui, en Occident, ce sont les machines qui modèlent notre environnement et les designers contemporains cherchent à rendre agréables les objets du quotidien : couleurs fortes, formes excentriques, mode d’emploi ludique de tire-bouchons, chauffe-plats et presse-citrons. Ces objets sont attractifs et portent haut et fort la signature de leurs créateurs devenue des marques. Le succès engendré par ces nouveautés prouve à quel point nous avons besoin d’être séduits par des produits insignifiants mais nécessaires. À gauche : Portrait de William Morris À LA RECHERCHE DE L’AUTHENTICITÉ Les arts de la table, une autre idée du quotidien, parfait exemple pour nous permettre de changer nos habitudes. Remodeler le quotidien en laissant de côté les produits éphémères et faire entrer les belles matières dans les armoires, les placards et sur les tables. Un geste en l’honneur de ceux qui proposent des articles de qualité ! Des entreprises de taille humaine existent en France et je prendrais comme exemple le Jacquard Français, qui promeut la production de linge de table damassé made in France dans le monde entier. « Vêtir » la table d’une nappe, c’est faire du repas quotidien un moment hors du temps. Des fibres naturelles pour accueillir les assiettes et les couverts, des serviettes douces constituent un ensemble savoureux, qui nous incite à déguster des produits alimentaires de qualité. Aurait-on l’idée de servir des raviolis en boîte dans des assiettes en carton sur une nappe en lin damassé ? FONCTIONNEL ET ESTHÉTIQUE L’aspect pratique des outils culinaires gomme la satisfaction des sens, il prend trop souvent le pas sur l’affect. Oublier le bonheur de déplier une belle nappe en lin bien repassée, promesse d’un repas gastronomique, parce que l’entretien semble insurmontable ? Alors la solution de facilité c’est nappe et serviettes en papier, assiettes en carton, verres en plastique… c’est sans doute idéal pour un joyeux pique-nique ou un repas expéditif mais aujourd’hui, dans un monde que l’on veut différent de celui d’avant, il faut apprendre à prendre le temps et à consommer avec discernement. Le repas du dimanche avec la « poule au pot » était une institution qui s’attardait aux détails de présentation. On mettait « les petits plats dans les grands ». Des entreprises comme Christofle ont permis cela à des générations. De même, Le Jacquard Français promeut la production française de linge de table damassé dans le monde entier ; un pari gagnant/gagnant pour le consommateur et le fabricant puisque la récompense est venue en 2010, lorsque le Jacquard Français s’est vu décerner le prestigieux EPV Entreprise du Patrimoine Vivant, pour son savoir-faire d’excellence. Des personnages comme William Morris ont contribué à améliorer l’aspect des objets ordinaires. Nappe Venezia Coton – Le Jacquard Français CHOISIR SON LINGE DE TABLE : UN MOMENT EXQUIS Choisir le tissu pour une nappe et les serviettes est primordial, faites-en un instant délicieux. Juger, toucher, sentir le tissu est tout un art, un apprentissage, mais il n’est pas besoin d’avoir un diplôme pour sentir la texture, la finesse, la fluidité d’une étoffe. Le tissu vit, le tissu vibre, le tissu bouge, le tissu c’est l’habit de la table, un article indémodable ! Le lin a ma préférence. La texture d’une nappe en lin est unique, neuve sous les doigts elle se fait présente, grenue et fraîche, mais au fil des lavages, elle gagne en souplesse, en douceur. De belle, elle devient élégante, ce ne sont pas les rides qui la façonnent mais le souvenir des dîners gourmands dont elle fut témoin. La gamme de couleurs des lins est vaste et les nuances infinies. Comme un tweed pour une veste, le lin vous accompagne sans broncher, sans ostentation, sans problème, d’année en année. Ce n’est pas un banal morceau d’étoffe que vous allez choisir, c’est un espace-temps, un soupçon de poésie, un décor qui met en valeur votre table, qui sert de support à vos mets, qui offre aux hôtes sa texture à la fois douce au toucher et rustique visuellement. C’est infiniment plus qu’une nappe c’est votre nappe, un complément indispensable à l’équilibre d’un bon repas. Le métis ou le coton sont tout aussi acceptables bien que plus difficiles à distinguer au toucher. Les fibres synthétiques pour les nappes sont à l’évidence d’un entretien aisé, pour tous les jours dirons certains, mais utilisez plutôt des sets de table en fibres naturelles faciles à laver, plus facile à fabriquer que les masques. C’est un simple accessoire qui transforme le quotidien…. Alors pensez-y et recevez-vous comme si vous étiez vos invités. LA NAPPE : L’HABIT DE LA TABLE Simple bout d’étoffe pour l’habit courant, ou tissu plus luxueux pour l’habit du dimanche, la nappe eut plusieurs vies : elle fut essuie-main, essuie-bouche et même parfois mouchoir avant d’acquérir sa propre identité. Durant l’antiquité, la serviette qui était utilisée pour se sécher les mains avant le début des banquets se nommait mappa qui donna le mot nappe en français. Par dissimilation, le M fut remplacé par le N trop proche du P pour faciliter la prononciation. Serviette, du latin servitor, nom donné aux esclaves, une origine moins noble que la nappe mais un objet probablement plus utile. Depuis des siècles, la nappe fait l’objet d’un code d’utilisation aux origines religieuses ou comme marqueur social. CHOISIR SON LINGE DE TABLE : UN MOMENT EXQUIS Dans sa première utilisation, la nappe servait à la célébration de rites religieux chrétiens, elle symbolisait la place du mystère consommé avec Dieu. Dans cette optique, elle devait être blanche et immaculée. C’est probablement devenu une habitude d’utiliser une nappe blanche immaculée, c’est-à-dire sans sang à l’origine, puis sans tâche pour les repas de fêtes. Une autre coutume liée au linge de table est encore observée en Provence, lors du repas de famille la veille de Noël : la table est recouverte de trois nappes blanches qui représentent la sainte trinité. LA NAPPE DEMEURE UN MARQUEUR SOCIAL La nappe est depuis des siècles un indicateur social au même titre que le vêtement. Si l’habit ne fait pas le moine, la nappe est un symbole qui dépasse la fonctionnalité de l’objet. En effet, la fonction première d’une nappe est de protéger et de décorer la table. Dans ce cas, une toile cirée fait très bien l’affaire ; inutile d’utiliser une nappe en lin fin brodé. Les deux sont des nappes mais n’ont pas la même signification. La première est un objet utile qui a pour fonction première de protéger la table, de ne pas se tacher, de s’entretenir aisément et dont l’aspect esthétique plaisant à l’œil est secondaire, c’est le vêtement de travail ordinaire. La seconde est un objet fonctionnel de prestige, d’apparat ; c’est l’habit du dimanche de la table qui est d’abord esthétique, le rôle de protection n’est que secondaire et l’entretien n’est pas le facteur le plus important. Aujourd’hui encore, on peut remarquer cette différenciation sociale dans les restaurants. Tables sans nappe ou nappe et serviettes en papier pour le bistrot, et nappe et serviettes blanches en tissu sur les tables des restaurants étoilés. QUAND LA SURENCHÈRE DE BIENS PRIMAIT SUR LA FONCTION Il fut une période dans l’histoire où certains dépassaient les limites de l’entendement, étalant les richesses devant leurs hôtes afin de les épater. Ainsi au XVIIe siècle, le rituel du linge de table fut soumis à des règles très strictes. Pas besoin de guide du savoir vivre dans les maisons à grand train, la domesticité connaissait son travail. Lors des repas, le partage de la nappe marquait une égalité ou une inégalité : lorsque le maître de maison mangeait avec ses serviteurs, il avait une nappe individuelle devant lui et si une seule grande nappe recouvrait la table en totalité, on disposait devant lui une touaille supplémentaire afin de bien marquer la différence due à son rang. Dans les grands dîners, des napperons étaient disposés devant chaque convive sous chaque tranchoir. On remarque la surabondance de biens. Nappe sur nappe, napperon… Si jadis ces couches successives d’étoffes étaient un signe de richesse, aujourd’hui la nappe n’a plus cette signification, elle n’est que le reflet d’un confort que l’on s’autorise ou du respect que l’hôte veut marquer envers ses convives. LA QUALITÉ : UN POINT INCONTOURNABLE Il ne s’agit pas de choisir un article trop fragile que l’on hésite à utiliser, mais un linge à la fois solide et élégant, qui restera en bonne forme durant des années. Ce type d’achat doit répondre à certains critères afin de conserver l’aspect neuf le plus longtemps possible. Assurez-vous de la solidité des couleurs (grand teint), de la qualité des fils utilisés, du nombre de fils au cm2 (plus il est important plus le tissage est serré, meilleure sera la tenue de la nappe). Les grandes marques de linge de maison sont en mesure de répondre à ces demandes puisqu’elles mettent en valeur la qualité de leur production. LA MACHINE : UNE MAIN SECOURABLE Aujourd’hui plus qu’hier, le fonctionnel est l’ami de l’esthétique. La nappe ne doit pas être un produit d’exception que l’on hésite à sortir des tiroirs de peur des taches ou à la simple pensée qu’il faudra la porter chez le teinturier après chaque utilisation. Après le repas, la machine à laver est prête à recevoir la nappe en lin auréolée de taches, c’est là un des bons cotés du modernisme. Encore humide, le lin sorti de la machine se repasse avec facilité surtout avec les centrales vapeur. A ne ranger pour le prochain repas qu’une fois parfaitement sec si l’on veut éviter les moisissures. En ville, le sèche-linge est mis à contribution mais à la campagne, le plaisir de faire sécher son linge au grand air est une sensation délicieuse. L’odeur du lin séché au soleil n’a rien de comparable, c’est un plaisir simple auquel les citadins n’ont hélas pas accès. Attention aux idées reçues souvent farfelues : une tache de vin rouge sur une nappe blanche ? Ne la recouvrez pas de sel, car ce produit va fixer la couleur. Premier geste de secours : versez un peu d’eau gazeuse sur la tache, une pincée de talc ou de farine, quelques gouttes d’eau oxygénée en attendant de glisser la nappe dans le lave–linge. LA SERVIETTE DE TABLE : COMPLÉMENT DE LA NAPPE Le but premier des serviettes n’était-il pas de protéger les vêtements lorsque les couverts n’existaient pas ? La taille des serviettes aura tendance à se rétrécir avec la mode. Les serviettes ne se nouent plus autour du cou puisqu’il n’y a plus de fraises à protéger pour les hommes de qualité ; la cravate, quant à elle, est reléguée le plus souvent, au fond des tiroirs ; il n’est plus nécessaire pour les femmes de poser une grande serviette sur leurs genoux puisque la mode propose désormais des vêtements bien moins volumineux que les robes à paniers ! Le choix de la matière textile est important. La fibre doit être absorbante, ne pas irriter la peau ; la teinture doit être solide, les fibres cultivées sans pesticides sont évidemment mieux adaptées lorsqu’il s’agit du contact avec la peau. Coton ou lin labellisés Bio ont ma préférence. Les serviettes de table blanches constituent également un bon choix ; elles n’occasionnent aucun dégorgement de teinture, aucune allergie liée au chrome souvent contenu dans les teintures chimiques, elles se détachent aisément avec de l’eau de javel, leur aspect demeure propre et c’est aussi ce que j’apprécie. Au cas où les serviettes en tissu sont indisponibles, le recours aux serviettes en papier est une possibilité mais blanches, toujours à cause des produits de teinture, plutôt que des serviettes en polyamide ou en polyester, fibres dont le contact avec la peau est quelque peu désagréable et surtout sans efficacité. Essayez d’essuyer la vaisselle avec un tissu en nylon ! Serviette de table Slow Life – Le Jacquard Français LES TISSUS ENDUITS : LES ATOUTS DU PROGRÈS Malgré mes réticences à utiliser des fibres synthétiques pour le linge de maison et en particulier de table, j’avoue apprécier les qualités esthétiques et fonctionnelles des tissus enduits pour nappes. Rien de commun avec les toiles cirées des années 50, rigides, lourdes, collantes, desséchées, craquelées. Il ne fallait pas les plier au risque d’avoir des marques permanentes aux plis, ; elles restaient donc sur la table en attendant le prochain repas. En un mot, elles étaient indigestes. Aujourd’hui, les toiles de coton ou de lin enduites sont souples, légères, l’enduit mat est discret. Le principe consiste à protéger la matière textile des taches et de faciliter l’entretien : un coup d’éponge après usage et voilà la nappe prête à être rangée dans un tiroir. Les imprimés sont variés, délicats, colorés ou monochromes. De grandes marques proposent toujours un choix varié avec une ligne directrice, celle du style de la maison. J’ai depuis toujours un penchant pour les imprimés Marimeko. Tissu enduit Räsymatto – Marimekko LE RANGEMENT Si parfois le rangement est un problème, si le repassage est fastidieux pour certaines, mieux vaut éviter de plier les nappes. Une astuce consiste à fabriquer un support nappes. Pour ce faire, il faut condamner un tiroir dans la cuisine ou dans un dressing et, dans la largeur, placer deux ou trois tringles rondes en fonction de la profondeur du meuble et du nombre de nappes. Les barres doivent être suffisamment hautes pour y poser les nappes à cheval sans qu’elles touchent le sol. Ainsi, elles ne se froissent pas et sont plus faciles à prendre que lorsqu’elles sont superposées sur les étagères. ET POUR TERMINER : UN INSTANT PLUS LUDIQUE AVEC LES MOTS DE LA TABLE Jusqu’à la Renaissance point d’assiette, point de fourchette individuelle hors des tables royales, mais des tranchoirs composés d’une épaisse tranche de pain rassis sur laquelle on déposait la nourriture. Dans les grandes maisons, à la fin du repas, la coutume voulait que l’on fasse compain c’est-à-dire que l’on partage le pain, soit avec son voisin de table, soit avec les domestiques ou les pauvres. Au fil du temps le mot s’est transformé en copain. Pas d’assiette, pas de couverts, alors pourquoi mettre le couvert ? Rois ou princes, tous étaient suspicieux et mieux valait prévenir que guérir. L’époque voulait que le poison rôde dans les maisons, les plats étaient préparés dans les cuisines souvent éloignées du lieu des repas, étaient préparés à couvert, juste le temps de les apporter aux convives pour éviter que l’on y verse du poison et, pour faire d’une pierre deux coups, ils étaient maintenus au chaud. Ne pas être dans son assiette : assiette vient du latin assedita = asseoir qui donne séant, assise, puis asseoir. Avoir une bonne assiette, expression utilisée en équitation pour décrire une position correcte sur le cheval. Ne pas être dans son assiette, signifie ne pas être en bonne forme, ne pas tenir l’équilibre ou ne pas être en face de la place désignée. Dresser la table ? Avant que la table ne soit véritablement présente dans quasiment toutes les demeures, il fallait monter et démonter à chaque repas un meuble constitué de tréteaux et d’une planche. Le terme est resté mais le sens est obsolète. Le set de table est une sorte de napperon individuel. Le mot set est entré dans la langue française il y a bien longtemps, emprunté à l’allemand setzen qui signifie asseoir. Il y a corrélation entre assiette et set puisqu’assiette et set désignent l’endroit où les convives s’asseyent. Jusqu’au XVIIe siècle, le linge de table raffiné était tissé en lin alors que le chanvre offrait un résultat plus rustique. Les offres se multiplièrent lorsque le coton arriva en Europe et plus tard, bien plus tard, les fibres chimiques furent mise à l’honneur. Quoi qu’il en soit, le mot linge étymologiquement vient de lin. « Mettre la nappe » : c’est au XVIIe siècle : recevoir des amis à dîner. « Trouver le nappe mise » : expression qui, au XVIIIe siècle, signifiait aller diner chez les autres. Le déconfinement qui marque la liberté de mouvements retrouvée, c’est aussi l’occasion de recevoir ses amis et sa famille autour d’une belle et bonne table. Sur ce, je vous souhaite une bonne dégustation. Catherine GOLDMAN Facebook Linkedin Instagram Pinterest Ecrire, c’est un peu tisser : les lettres, en un certain ordre assemblées, forment des mots qui mis bout à bout, deviennent des textes. Les brins de fibres textiles maintenus ensemble par torsion forment des fils qui, en un certain ordre entrelacés, deviennent des tissus…Textile et texte, un tête à tête où toute ressemblance n’est pas fortuite. Il est des civilisations qui transmettent leur culture par l’écriture, d’autres par la parole, d’autres encore, par la parole écrite avec un fil. Entre le tissu et moi, c’est une histoire de famille. Quatre générations et quatre manières différentes de tisser des liens intergénérationnels entre les étoffes et les « textilophiles ». Après ma formation à l’Ecole du Louvre et un passage dans les musées nationaux, j’ai découvert les coulisses des étoffes. Avec délice, je me suis glissée dans des flots de taffetas, avec patience j’ai gravi des montagnes de mousseline, avec curiosité j’ai enjambé des rivières de tweed, pendant plus de 35 ans, au sein de la société De gilles Tissus et toujours avec la même émotion. J’eus l’occasion d’admirer le savoir-faire des costumiers qui habillent, déguisent, costument, travestissent les comédiens, acteurs, danseurs, clowns, chanteurs, pour le plus grand plaisir des spectateurs. J’ai aimé travailler avec les décorateurs d’intérieurs toujours à la recherche du Graal pour leurs clients. Du lange au linceul, le tissu nous accompagne, il partage nos jours et nos nuits. Et pourtant, il reste un inconnu ! Parler chiffon peut parfois sembler futile, mais au-delà des mots, tissu, textile, étoffe, dentelle, feutre, tapisserie ou encore broderie, il est un univers qui gagne à être connu. Ainsi, au fil des ans les étoffes sont devenues des amies que j’ai plaisir à vous présenter chaque mois sur ce blog de manière pédagogique et ludique. Je vous souhaite une belle lecture. 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